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Comment mettre en place la discipline ? (partie 2)

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Comment mettre en place la discipline ? Quand est-ce que la discipline devient inefficace ? Pourquoi, bien souvent, l’instauration de la discipline tourne à l’échec ?

; La punition

 

L’éducation, qu’elle soit scolaire ou autre, parce qu’elle vise avant tout à donner confiance en soi et à rendre autonome, ne peut reposer sur un rapport de force, sur l’humiliation, sur la peur. Ce qui interroge nécessairement la notion de punition, laquelle se traduit par tout un arsenal de mesures allant des privations diverses aux mises à l’écart en passant par les multiples pensums.

Aident-elles vraiment à faire intégrer la loi, à mieux faire cohabiter les désirs de l’élève, ses « modes de fonctionnement » avec les exigences de la vie scolaire ? Tout dépend bien sûr du contexte qui suscite la punition. Si elle résulte de l’exaspération de l’adulte, elle peut « calmer le jeu » un temps durant, mais ne résoudra pas le fond du problème qui est à son origine et empêchera encore moins la récidive. L’élève perçoit rapidement que son origine est plus liée à l’humeur de l’adulte, donc quelque peu subjective, qu’à un contexte. Il est vrai aussi que punir n’est pas toujours neutre.Image may be NSFW.
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Cela peut vouloir dire « faire payer », des mécanismes de transfert pouvant interférer dans le fondement même de la punition – qui punissons-nous au travers de l’élève ? Le fondement de la punition peut être l’envie, le ressentiment. Punir peut par ailleurs relever d’un mode de communication défaillant. On sait également que la punition est susceptible d’être recherchée par l’élève parce qu’elle peut constituer une marque de reconnaissance, parce qu’elle légitime une culpabilité forte en lui.

 La sanction

La sanction quant à elle appelle un tiers médiateur : c’est le code, la règle, la charte-qui vont « objectiver” la situation empêcher l’arbitraire et par là légitimer l’acte. Elle établit un lien clair entre ce qui est répréhensible et la peine. Contrairement à la punition, qui peut ouvrir sur la contestation, et éventuellement appeler à renchérir la peine, la sanction induit la notion de recours. Elle s inscrit aussi dans un étalonnage et une hiérarchie de la peine.

Les récents États généraux de la sécurité à l’école en ont montré les abus et les limites. Une étude indique tout d’abord que 17 000 élèves étaient exclus définitivement chaque année de leur établissement et 367 000 pour un ou plusieurs jours (1).
L’ampleur du phénomène interpelle :
« Chaque jour de classe, 95 collégiens ou lycéens sont définitivement exclus de leurs établissements et plus de 2 000 écartés temporairement.(2) »Image may be NSFW.
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L’exclusion est tout d’abord un marqueur d’échec qui est aussi un aveu d’impuissance, peut-être d’incompétence ou d’un manque de flexibilité éducative au sein d’un établissement.

Comment lire autrement un des constats de l’enquête citée, qui montre que plus un chef d’établissement a d’ancienneté, moins il exclut ? En tout état de cause, l’exclusion, qu’elle soit temporaire ou définitive, provoque rarement une prise de conscience, laissant plutôt l’élève dans une forme de désarroi que peut amplifier le sentiment d’injustice. Elle peut même être en cela génératrice de rancœur qui va conduire l’élève à un mécanisme de récidive. Tout simplement parce que le sentiment de rejet affecte l’image de soi et peut générer un « effet Pygmalion » ; l’élève, se sentant désigné et stigmatisé, va s’attacher à correspondre à l’image de soi qui lui est renvoyée par l’exclusion.

Une sanction constructive

La sanction reste une modalité de réponse à la violence mais elle doit conserver une fonction éducative. Pour ce faire, elle ne doit pas être considérée comme une fin en soi. Elle a plusieurs fonctions : elle doit d’abord signifier la fin de la violence. Ensuite, elle attribue au sujet concerné la responsabilité de ses actes.Image may be NSFW.
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La sanction doit permettre de faire référence à un consensus collectif figé qui aura été négocié, bâti sur du sens et sur le dialogue, fixant la nécessité de règles pour asseoir la vie collective et les apprentissages.

A partir de là, la sanction doit être immédiate pour qu’il n’y ait pas de contestation possible et que le rapport puisse être établi directement entre le fait incriminé et le référentiel ou le contrat de discipline. Elle doit être aussi effective : les menaces, les reports diminuent la force de la sanction, la crédibilité de l’adulte et par là son autorité.

La sanction doit être rare pour être efficace et avant tout constructive : elle doit pour ce faire avoir du sens et participer à l’apprentissage ou au processus éducatif. De ce fait, elle ne doit pas avoir un caractère gratuit ou humiliant. En aucun cas, la sanction ne doit exclure l’élève du groupe classe et de ses activités. Elle a par essence une fonction d’amélioration de l’intégration de l’élève dans un processus, qu’il soit d’organisation ou de fonctionnement ou proprement d’apprentissage et face auquel il se montre défaillant.

Individuelle par nature – la sanction collective exacerbe le sentiment d’injustice, en même temps qu’elle va provoquer inévitablement des fissures dans l’entité du groupe -, la sanction doit toujours rester proportionnelle à sa cause. Pour l’élève, le fait d’être sanctionné doit marquer davantage que la nature propre de la sanction.

Enfin, une sanction doit toujours être accompagnée d’un dialogue afin qu’elle ne soit pas ressentie comme exclusion ou rejet. En matière de récompense, il faut savoir que « la récompense inféode bien davantage que la punition (3) » et que son recours lui aussi doit être déterminé par le contexte d’un contrat.

 Voir la première partie de l’article

(1) Enquête réalisée par Georges Fotinos avec le soutien de la MGEN et de la CASDEN.
(2). Le Monde, 7 avril 2010.

(3) Marsal M. (1958). L’Autorité, Paris, PUE

Texte : Fabienne Ramond, Jean-Marc Louis

Fabienne RAMOND est Professeur des écoles, conseillère pédagogique à l’Inspection académique de la Moselle.

Jean-Marc Louis est Inspecteur de l’Education nationale, journaliste

 

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Sommaire Introduction

L’élève contre l’école est celui qui, tout en ayant les capacités et les potentiels pour vivre pleinement sa scolarité, se place face à l’École pour la questionner. Il se pose en personne ayant des besoins différents et, dans ce dialogue ouvert et souhaité, il veut être reconnu comme tel.

Compte tenu de la pression d’une société qui entend faire de l’inclusion un principe de son organisation, l’École se trouve en plein désarroi face à ces élèves : il y a là un enjeu pour elle, voire un défi.

Le présent ouvrage entend clarifier au mieux les situations de scolarisation que peuvent rencontrer les personnels de l’École en essayant tout d’abord de définir des profils d’élèves non pas en fonction de caractéristiques médicales, mais en fonction des perceptions et des ressentis que peuvent avoir les enseignants. Pour chaque profil, il s’attachera ensuite à faire évoluer le regard, à partir d’un apport de connaissances générales et dans le but d’apporter des savoir-faire et des ressources.

Pour voir le livre: Cliquez ici


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